AMÉRIQUE PRÉCOLOMBIENNE (archéologie et art)

AMÉRIQUE PRÉCOLOMBIENNE (archéologie et art)
AMÉRIQUE PRÉCOLOMBIENNE (archéologie et art)

ON POURRAIT croire, à première vue, que le passé précolombien de l’Amérique constitue un chapitre modeste et assez simple de l’histoire de l’humanité. Il est certain en effet que la préhistoire sur le continent américain a des racines moins profondes que dans d’autres parties du monde. En outre, l’évolution culturelle de certains secteurs du Nouveau Monde n’a connu qu’un nombre limité de stades de développement, par comparaison avec celle de régions comme le bassin méditerranéen ou l’Asie du Sud-Est: rappelons seulement que plusieurs groupes amérindiens vivaient au moment de leur découverte dans des conditions proches de celles du Paléolithique. Pourtant, la brièveté relative de la chronologie et la lenteur apparente des changements culturels en différents points du continent sont trompeuses. De nos jours, après environ cent ans de recherches scientifiques, l’histoire précolombienne de l’Amérique reste très inégalement connue mais le panorama que l’on peut dresser des anciennes populations et de leur évolution se révèle déjà d’une grande complexité.

De l’Arctique à la Terre de Feu et, de façon moins marquée quoique non négligeable, du Pacifique à l’Atlantique, le continent américain présente une multitude d’environnements. Mais, au-delà de l’immense variété écologique contemporaine, il faut aussi tenir compte des profondes transformations qu’ont subies les milieux physiques depuis le début de la dernière glaciation du Quaternaire, il y a 70 000 ans (voir «L’Occupation humaine», in AMÉRIQUE [structure et milieu] – Géographie); c’est à partir de cette date que l’homme aurait pu s’installer dans le Nouveau Monde; toutefois, les preuves incontestables de sa présence sont beaucoup plus récentes. Parallèlement à sa diversité géographique et en partie à cause d’elle, l’Amérique d’avant la Conquête a vu se développer, au cours de son histoire autochtone, un nombre impressionnant de cultures variées. D’une zone à l’autre, les processus et les rythmes d’évolution des sociétés sont rarement identiques. Plusieurs phénomènes, comme la sédentarisation, la naissance de l’agriculture ou l’invention de la poterie, pourtant généralisés sur de grands territoires, présentent des aspects locaux spécifiques: c’est la conclusion, par exemple, d’une synthèse de K. V. Flannery, parue en 1973, sur les origines de la domestication des plantes. On comprendra, dans ces conditions, l’arbitraire des choix qu’impose une présentation générale de l’Amérique précolombienne. Dans les articles qui suivent, et qui ne sauraient intégrer toute l’information disponible, chaque auteur a pris soin d’expliquer le caractère plus ou moins artificiel de certains découpages et les limites de sa présentation.

L’archéologie moderne dans le Nouveau Monde est âgée d’environ un siècle. Sa genèse et les différentes voies qu’elle a empruntées au fil du temps sont clairement résumées dans l’ouvrage de G. R. Willey et J. A. Sabloff cité en bibliographie. La somme des connaissances acquises est, il est vrai, considérable; elle pousse les chercheurs à se spécialiser de plus en plus et rend progressivement plus difficile toute perspective quelque peu synthétique. Pourtant, elle ne représente qu’une fraction minime de ce qui reste à découvrir. Il existe, certes, de longues traditions de recherche dans quelques régions, comme cette partie de l’Amérique moyenne que l’on nomme Mésoamérique, les Andes centrales, la vallée du Mississippi ou le sud-ouest des États-Unis; en revanche, l’étude d’autres secteurs (Alaska, bassin amazonien, par exemple) est beaucoup plus récente ou débute seulement. Finalement, l’imperfection actuelle des connaissances ne tient pas uniquement à ces disparités dans le degré de couverture des différents territoires: elle est apparue de façon plus nette depuis quelques années avec l’élargissement des problématiques et le renforcement des exigences méthodologiques qui ont marqué l’histoire récente de l’archéologie américaine. L’apparition de moyens nouveaux pour le traitement des données et un vaste travail de réflexion théorique se sont conjugués pour renouveler en partie buts et méthodes. Préoccupation première des spécialistes depuis des décennies, la reconstitution de l’histoire culturelle a été détrônée essentiellement au profit d’une approche plus systématique des modes de vie et des mécanismes généraux du changement culturel des sociétés préhistoriques. Il apparaît aujourd’hui que les priorités anciennes et les ambitions nouvelles doivent être combinées, ce qui ne rend que plus lourde la tâche des archéologues.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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